En finir avec les idées reçues
Dès lors que l’on s’ouvre de l’intention de faire construire une maison en bois, après les premières réactions amicales souvent positives, dû au capitale sympathie du matériau, arrive rapidement de nombreuses interrogations, pour ne pas dire inquiétudes… Aboutissant à comparer la future bâtisse avec la « maison des trois petits cochons « détruite par le puissant souffle du « grand méchant loup » ou l’abri réalisé au fond du jardin, sans précautions spécifiques, et qui affichent rapidement le poids des années…
Cette comparaison qui relève de l’inconscient populaire a le mérite de démontrer que malgré la valeur affective que les Français portent au bois, la maison qui en est faite reste un produit de l’imaginaire souffrant d’un déficit d’image et de référent culturel.
Le bois : Solidité et longévité
Répartis un peu partout sur la planète et datant de plusieurs siècles, de nombreux bâtiments en bois parfaitement conservés apportent la preuve de la longévité des constructions qui utilisent ce matériau. Néanmoins, pour parvenir à une telle performance, les bois utilisés doivent être judicieusement choisis et mis en oeuvre. En effet, si le bois est un matériau qui résiste naturellement très bien au temps qui passe, notamment en termes de résistance mécanique, il peut être sujet à une dégradation plus ou moins importante et rapide dès lors que les conditions de conception et de mise en oeuvre ne sont pas conformes aux règles de l’art. Pour éviter cela, en France, les professionnels de la construction (architecte, constructeurs, artisans, etc.) sont soumis au respect des DTU qui définissent les règles techniques relatives à la bonne conception et exécution des travaux.
Les DTU, documents techniques unifiés, sont accessibles à tous. Il sert de référence aux professionnels de la construction mais aussi aux experts des assurances et des tribunaux.
Enfin, depuis de très nombreuses générations plusieurs pays continus d’utiliser massivement le bois dans l’habitat, avec des niveaux de sécurité et de durabilité qui n’ont rien à envier aux conceptions traditionnelles que l’on connaît en France. Ainsi, aux États-Unis, au Canada et en Scandinavie environ 90 % des maisons individuelles construites chaque année sont en bois, tandis qu’au Japon on n’en compte plus de 50 %, en Grande-Bretagne plus de 40 %, en Allemagne 30 %, etc. Face à de tels pourcentages dans les pays industriellement et culturellement proches, la performance de la France interroge… Néanmoins, les mentalités évoluent, en 2007, selon l’étude « Qui va faire les maisons en bois de demain? Scénarios prospectifs » du cabinet Caron marketing réalisé pour le compte d’arc au bois, l’association française des constructeurs bois, 20 % des ménages accédant à la propriété se disaient prêts à acheter une maison de ce type. Un pourcentage qui se traduit par une très forte évolution du marché dans les régions les plus dynamiques en matière de construction bois. En effet selon une étude de l’acte, économique régional du BTP, en 2007, dans les pays de la Loire 9 % des maisons construites l’aurait été en bois ; un niveau que l’on retrouve également en Bretagne et Poitou-Charentes, des régions voisines.
Au final, à bien y regarder, les inquiétudes en termes de longévité sont plus à mettre au compte des constructions parpaings ou en brique creuse, apparu au XXe siècle, pour lesquels on manque réellement de recule à l’inverse du bois utilisé depuis des siècles.
L’exemple japonais
l’exemple de longévité du bois le plus connu est apporté par les temples japonais. Construit en bois, au XIIIe siècle, il demeure dans un état de conservation exemplaire.
Le bois et les incendies
Ici encore, l’erreur nait de l’ignorance, car si le bois est un combustible apprécié, il résiste au feu grâce à sa mauvaise conductibilité thermique et à sa teneur en eau, qui lui confère une combustion très lente. Contrairement aux idées reçues, c’est donc un matériau doté de l’une des meilleures résistances au feu. Pour s’en convaincre, il suffit de demander leur avis à des pompiers qui ont eu à intervenir dans les deux types de construction, « béton » et « bois ». Leurs réponses sont systématiquement identiques : le bois brûle, mais sans émettre de gaz nocifs et, surtout, 10 fois moins vite que le béton et 250 moins fois moins vite que l’acier. D’autre part, dans un incendie, le bois se consume progressivement, tandis que l’acier se tord et que le béton projette des particules de ciment. Une performance qui lui vaut d’être utilisée dans la fabrication de portes coupe-feu !
Le bois, les insectes et les champignons
Matière ligno- cellulosique, le bois contient des éléments nutritifs pour les insectes xylophages et leurs larves, ainsi que pour les champignons liniers morts. Toutefois, tous les bois ne sont égaux face à ces « indésirables » et aux aléas météorologiques, certaines essences présentent une résistance étonnante (chaîne, au robinier, châtaignier, ainsi que certains bois exotiques). Cependant ces bois sont généralement coûteux, ont un cycle de développement souvent lent et, ne sont donc que très rarement mis en oeuvre dans la globalité d’une construction bois. Les professionnels leur préfèrent généralement des essences à développement plus rapide comme le sapin, l’épicéa, le pin sylvestre maritime, le Douglas que l’on traite pour préserver les risques d’attaque par les insectes et autres champignons.
Néanmoins, ce risque de prédation est essentiellement lié à l’humidité contenue dans le bois. En effet, comme tous les êtres vivants, les agents des structures du bois ont besoin d’eau, d’air et d’une température adéquate pour se développer. En l’absence d’une seule de ces composantes de la dégradation est stoppée. Aussi, avant même le choix des essences et l’application d’éventuels traitements (chimique ou thermique), ce sont la conception, la mise en oeuvre et l’entretien des constructions qui doivent viser à préserver le bois de toute exposition à une humidité de longue durée. Aujourd’hui, le niveau de performance atteinte en termes de résistance aux éventuelles attaques des parasites du bois permet de construire également des maisons en bois dans les zones interdites, soit 54 départements officiellement concernés en France au 1er août, sans aucun problème particulier.
Déforestation
La déforestation dont est victime la planète n’est pas le fait du secteur de la construction bois. La quête de zones de culture (essentiellement les accrocs carburant et les céréales pour l’élevage), de prairies pour le bétail, de bois de chauffe et l’exploitation de ressources minières à ciel ouvert en sont les premières. Pour éviter d’y contribuer indirectement, le plus simple est de s’assurer d’un approvisionnement en bois locaux ou, à défaut, de bois éco certifié. Même si elles sont loin d’être parfaites, plusieurs certifications d’exploitation durable des forêts coexistent, les deux principales étant le PEFC et le FSC.
PEFC : initialement Plan European Forest Certification, le PEFC est devenu programme for the Endorsement of Forest Certification schemes pour s’étendre au-delà de l’Europe (programme pour l’approbation des schémas de certification forestière).
Au-delà de ces certifications, la durée de vie d’une maison en bois, correctement construites, est supérieur à la croissance des arbres utilisés pour la construire. Autrement dit, si les arbres coupés, pour sa construction, sont remplacés par des plans d’essences identiques, ces derniers arriveront à maturité tandis que la maison sera encore en bon état. Enfin, en contribuant à une régénération contrôlée des forêts, les constructions en bois participent à la lutte contre le réchauffement climatique en stockant du CO2.
La vitalité de la forêt européenne, sa biodiversité et les variétés de cette essence en font un patrimoine naturel et économique de grande qualité. Pourtant, c’est une forêt sous-exploitée puisque l’on ne prélève que les deux tiers de la croissance naturelle de bois sur pied (60 % en France). Acheter du bois est donc un acte citoyen qui permet de soutenir l’emploi en milieu rural et… de lutter contre l’effet de serre dès lors que ce matériau provient d’une exploitation forestière durable.
L’entretien du bois
Une maison bois n’a rien à voir avec une paire de volet qu’il faut repeindre régulièrement. Sa structure ne nécessite aucune intervention et, si ces murs sont couverts de bardages, le choix d’une essence naturellement résistante aux intempéries (Red cedar, mélèze, douglas…), ou l’application d’un traitement autoclave ou thermique, garantit sa durabilité sans intervention ultérieure. Même dans le cas d’un bardage peint ou lasuré, de nombreux produits de qualité, naturelle ou non, sont disponibles sur le marché et offre une longévité qui permet de se contenter d’une intervention tous les cinq à dix ans. Enfin, lorsque c’est un revêtement maçonné qui recouvre les murs, sa longévité est équivalente à celle des maisons en parpaings ou en brique.
Le saviez-vous
Le bardage est le revêtement extérieur en bois des maisons, les planches étant placées le plus souvent horizontalement et espacées de quelques centimètres de la structure. Ce type de construction évite la pénétration de l’humidité dans la structure et garantit un séchage rapide de la coque de protection que constitue le bardage via sa ventilation naturelle.
Le bois et les notions de coût
Le marché du bâtiment bois connaît une forte croissance depuis 2001 (+46%) à comparer aux 18 % de la filière construction, toutes techniques confondues. Néanmoins, bien que les promoteurs du bois aient aujourd’hui investis toutes les catégories du marché (de l’habitat social au grand luxe, en passant par le battit professionnelles et les extensions), au niveau des particuliers, la construction bois demeure encore très orienté sur le haut de gamme. Ainsi, en 2005, quand 37 % des maisons individuelles traditionnelles d’architectes se positionnaient dans la catégorie « luxe à grand luxe » (plus de 125 000 €), en bois cette valeur atteignait 75 %. Encore plus révélateur, la catégorie « grand luxe » (plus de 172 000 €) représentaient à elles seules 46 % du marché de la construction bois.
Toutefois, la « vague verte » que l’on connaît, la chute des mises en construction, l’optimisation des techniques et l’arrivée de nombreux opérateurs concourent à rendre ce marché de plus en plus concurrentiel. En conséquence, aujourd’hui, l’écart de prix avec le traditionnel est le plus souvent nul, avec un tarif au mètre carré habitable oscillant en moyenne entre 1100 et 1600 € TTC selon l’architecture et le niveau de prestation globale.
Malgré une facture de matériaux supérieurs, cette équivalence économique finale tient pour l’essentiel aux caractéristiques intrinsèques de la construction en bois. Le bois permet en effet d’obtenir des constructions moins lourdes, nécessitant des fondations moins « volumineuses ». De même, il n’exige aucun temps de séchage. La vitesse d’exécution des chantiers est ainsi réduite par rapport aux traditionnelles, d’autant que les variations climatiques (notamment le gel) impactent moins sur la vie du chantier. Par conséquent, une planification du chantier bien réfléchi, à laquelle peut s’ajouter un niveau de préfabrication plus ou moins grand, contribuent à rendre le budget de réalisation d’une construction bois comparable à celui d’une version maçonnée.
Au final, pour son bénéficiaire, et par rapport à une version traditionnelle, les gains économiques de la réalisation d’une construction bois son double. Le gain de temps global limite la période qui voit le montant d’un loyer se cumuler au début du remboursement et du prêt immobilier contracté. Mais c’est surtout à l’utilisation que l’investissement se révèle économiquement intéressant, avec un coût d’usage inférieur quant au chauffage et à l’entretien général de la maison.
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